Compost des toilettes sèches au jardin : une bonne alternative au terreau du commerce !

novembre 2021

Au jardin à Yronde & Buron, nous produisons environ 1.5 à 2 m3 de compost mûr de toilettes sèches par an.
Il s’agit de compost provenant de toilette à litière biomaitrisée sans séparation des urines.
La litière est composée de sciure plus ou moins fine, dont l’approvisionnement est local (menuisier à 5 km).

Les apports (seau de 30 litres, rempli entre 75 et 100 %) sont réalisés 2 à 3 fois par semaine dans des composteurs en bois. En phase de décomposition, le compost est mélangé régulièrement (tous les 2 – 3 apports) en surface dans les 40 premiers centimètres. L’eau de rinçage du seau (2-3 litres) est vidée dans le composteur.

Nous pouvons occasionnellement, en période sèche, arroser modérément le compost. En phase de maturation, nous pratiquons 2 à 3 retournements durant le cycle du compost. Celui-ci murît d’abord en composteur, puis, afin de libérer de la place en andain de 40 à 60 cm de haut et de 1 m à 1.20 m de base, bien protégé par un paillage (foin, paille, feuilles sèches).

Auparavant, nous utilisions ce compost après un an de maturation : cette durée n’est pas officiellement recommandée, même si, avec une bonne maîtrise du processus, le compost produit est de qualité et sans risque sanitaire (voir Étude Gestion des sous-produits de toilettes sèches familiales : étude sur le traitement des matières par compostage).

Nous réservions ce compost à tout espace du jardin dont les zones de production (potager, petits fruits). L’intérêt dans son utilisation résidait dans sa facilité d’usage : c’est un compost très fin, qui s’épand et s’intègre facilement y compris sur des espaces enherbés, comme par exemple sous les arbres fruitiers : sa forme pulvérulente lui permet de traverser le couvert végétal et de s’intégrer au sol facilement. Sous les actinidias, il était parfait !

Depuis deux ans maintenant nous le réservons à un autre usage : il sert de terreau de semis et de plantation aux légumes du jardin. Il devient ainsi une excellente alternative au terreau (composé de tourbe !) acheté dans le commerce. Nous n’en sommes qu’aux essais, mais ceux-ci paraissent prometteurs !

Voici les premiers enseignements tirés de ces essais :

1/ le composts de TS doit être très mûr : entre 18 et 24 mois de maturation afin de présenter une texture fine et régulière, sans présence d’éléments non décomposés. Il ressemble à un terreau du commerce, très fin.
Il ne nous paraît pas utile, à ce stade, de le tamiser.

2/ il s’utilise pur, sans mélange ; sa structure le permet ! Les apports conséquents de sciure en font une matière très structurante et absorbante, bonne alternative, semblerait-il à la tourbe. Ce substrat ne se rétracte pas dans le temps (contrairement à un compost de déchets de cuisine et de table). Il conserve relativement bien l’eau.

3/ c’est un terreau riche en éléments fertilisants… mais pas trop ! Les essais de semis et plantation ont été réalisés sur des poivrons, aubergines, choux et tomates. Que ce soit pour le semis ou le repiquage, les résultats sont très satisfaisants : bonne levée, croissance régulière, très bon développement racinaire et foliaire… Voir Photos.

4/ la levée de graines « adventices » est réelle dans ce terreau, mais  – nous semble-t-il, moins importante que dans un autre type de compost. De fait, la germination des semences n’est pas trop concurrencée par cette levée possible. Par prudence, nous conseillons de ne pas l’utiliser pour des graines à germination très lente, comme certaines fleurs, poireaux afin d’avitere de « perdre » le plantule au milieu d’autres pousses. Ce terreau convient pour la plupart des espèces potagères (choux, laitue, tomates, poivrons, poirée, etc.).

Toutes ces observations restent encore à consolider, et c’est ce que nous allons faire dans les années à venir… mais une chose est sûre en ce qui concerne le jardin d’Yronde et Buron : le compost de toilettes sèches sera désormais utilisé comme alternative au terreau industriel, consommateur de tourbe !  

Un jardin est en bonne santé… quand le sol est vivant !

Vivant ? Il faut donc inviter bactéries et champignons : ça tombe bien j’ai des tonnes de déchets verts !!

La microporosité du sol (tout petit espaces vides, ménagés entre les particules du sol), est le résultat du travail des bactéries et champignons.

Ces êtres vivants, lors du processus de dégradation des matières organiques, produisent une sorte de colle « organique » qui agrège les particules minérales pour former des micro-agrégats qui, à leur tour, vont former de plus grands agglomérats.

Ainsi, le sol prend cette structure de crumble ou couscous appelée structure grumeleuse par les agronomes. C’est elle qui est recherchée par les jardiniers, parce qu’elle apporte au sol de l’air mais permet également d’améliorer les propriétés et le fonctionnement hydrique des sols.


En effet, l’essentiel de l’eau du sol est stocké dans les petits canaux de ces agrégats. Ces petits canaux ne sont créés que par les êtres vivants. Les outils de travail du sol ne peuvent pas les créer et ne font que participer à leur destruction. Cette eau du sol, donc, se présente sous forme de films d’eau collées aux agrégats. Pour avoir une grande réserve en eau, il faut donc tout faire pour augmenter la microporosité.


Là encore… vive l’apport de matières organiques au sol, nourriture essentielle des bactéries et champignons !

N’oublions pas toutefois que ce sont bien les plantes vivantes (cultivées) les plus efficaces pour produire du carbone : elles fonctionnent comme des panneaux solaires qui transforment le gaz carbonique en carbone organique (sous forme de sucres plus ou moins complexes) qui va se déposer, sous forme liquide, au niveau des racines (les exsudats) pour former un humus très stable.


Pour résumer, la matière organique des sols (humus), de par sa composition, son organisation moléculaire et grâce au travail des êtres vivants du sol, va apporter de la stabilité à la structure du sol, augmentant ainsi le taux d’oxygène dans les espaces lacunaires (indispensable à la croissance des racines) et améliorant l’infiltration de l’eau et son stockage.

Déchets verts vraiment ? et les bénéfices pour la biodiversité au jardin alors ??

Ça n’est plus à démontrer maintenant : plus un système est riche et complexe, plus il est stable, résistant aux perturbations extérieures, avec cette capacité à régir positivement aux « agressions », à se reconstruire rapidement. C’est la résilience, mot à la mode ! La résilience écologique est la capacité d’un système vivant (écosystème) à retrouver les structures et les fonctions de son état de référence après une perturbation. (Wikipédia)

La complexité et la richesse d’un agrosystème (jardin, champs cultivé) c’est quoi ? C’est la diversité des formes de vie, la multiplicité des espèces animales et végétales présentes dans le milieu, la multitude des interactions entre elles avec leur milieu de vie, la richesse de ces milieux, abris, caches, gîtes et repaires.

La recette au jardin ? Accueillir la vie, nourrir, héberger tous les êtres vivants, sans distinction aucune : de l’orvet aux chauves-souris, des abeilles solitaires aux punaises prédatrices, des forficules au crapaud commun en passant par les guêpes parasitoïdes et la mésange charbonnière.

En cela, la matière organique que nous avons à disposition, ces « déchets verts » vont être bien utiles.

Tas de branches,

fagots de tiges creuses,

haies sèches et fagotières,

… mais aussi allées de broyat, herbes sèches ou tas de feuilles laissées sous la haie : voici de quoi ravir pléthores d’êtres vivants qui prendront cette matière comme caches et demeures mais aussi comme support de pontes, espaces de rendez-vous amoureux, lieu d’hivernage ou d’estivation, garde-manger …

En formation Guide composteur…

Formation Guide composteur avec Inserfac Ebe , … 2e journée !! Du terrain en passant par les composteurs partagés suivis par Communauté de Communes Thiers Dore et Montagne, visites des jardins partagés de la Ville de Thiers… travaux en groupes, mises en situations professionnelles, témoignages et partages d’expériences

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… Nous sommes sur le programme Organicité du VALTOM Local Poubelle … et on se retrouve dans un mois pour la suite de la formation … bon compost d’ici là !

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Aujourd’hui au jardin : la mort des pucerons

Ils étaient des centaines à sucer la sève sucrée des choux Kale Red Russian, depuis des semaines.
Nous, jardiniers, on se fiche bien de ce prélèvement qui arrive en année 2. Comprenons par-là que cette bisannuelle semée il y a juste un an et consommée feuille à feuille cet hiver ne nous propose plus grand-chose à croquer ces temps-ci.

Mieux : elle se concentre sur la fabrication des graines, petites perles cachées dans les siliques, sorte de capsules hermétiques allongées, cadeau de ce chou au jardin et au jardinier qui bénéficient ainsi de semences produites en circuit court. Les pucerons n’y touchent pas, seules quelques punaises au rostre affûté arrivent parfois à percer ces fruits.

Le chou, finalement, il fait sa vie, à donner ce qu’il peut, et offre même un peu de sucre aux pucerons. Tout va bien.
Puis elles sont arrivées discrètes et même invisibles aux yeux des autres êtres du jardin : les aphidius.

Description de la scène. La minuscule guêpe parasitoïde repère son hôte, se positionne à ses côtés et le pique en injectant un œuf – un seul, dans son corps.
L’opération est renouvelée sur toute la fratrie, condamnée.
Il vit encore, le puceron, et va vivre quelque temps en portant en lui la cause de sa mort annoncée : l’œuf d’abord, bien au chaud et protégé, puis la larve qui va le grignoter tranquillement de l’intérieur en commençant par les organes non vitaux comme pour faire durer le supplice.

Peu de temps après cette mort, l’aphidius se transforme, toujours protégée, puis grignote l’enveloppe du cadavre pour s’en extraire et vivre au jardin sa vie de parasitoïde.
La dépouille du défunt ressemble à une petite boule percée, chapelet de cadavres observé sur les choux (photo).

Tout est mort, plus rien ne bouge, exit les pucerons : les insectes sont bien les premiers et les plus efficaces des insecticides !

Aujourd’hui au jardin : laisser grainer


Jardin en mouvement, jardin surprise, jardin qui se dessine. Parce qu’elles se déplacent, les plantes ! À dos de fourmi, élevées par le vent, sous les pattes d’un oiseau … les graines volent, tombent, s’accrochent, se transportent et trouvent de quoi germer à la faveur d’un coin de terre sombre et humide.


Ça se compte en jours ou en années. Au milieu des oignons apparaissent quelques blettes à couper. La coriandre s’élève, gracieuse, au-dessus d’une canopée d’alliacées. L’arroche magenta perce parmi les pommes de terre. La nigelle de Damas s’étend… partout ! Et si la sauge sclarée reste plus mesurée dans ses migrations, une fois bien ancrée, elle peut se montrer exubérante. Ici elle a choisi de se camper dans un passe-pied… nous passerons ailleurs !


Le jardinier chemine dans le temps avec ce jardin-là, celui qui déborde un peu, celui qui sort du rang. Parce que les plantes, allez les tenir bien droit à leur place ! Qui a dit que ces êtres ne connaissaient pas le mouvement ? Elles bougent ainsi, et donnent au jardin ce changement de paysage improvisé, lent mais certain.


C’est en laissant grainer fleurs et légumes qu’on s’offre ces apparitions soudaines, surprises des mois de printemps. Au passage, il faut bien reconnaître que ces semis spontanés donnent l’impression d’une parfaite réussite qui rend envieux le jardinier. Pourtant – et bien qu’elles poussent avec vigueur, nul ne connaît le nombre de semences disséminées. L’efficacité du semis sauvage est-elle toute relative ? Des millions de projets pour de maigres succès ?


Pour les jardiniers arrive le moment du choix : jungle potagère ou ordonnancement à la française ? Peut-être un peu des deux ? Pour moi, tout est dans la mesure : composer avec ce paysage spontané et, tout de même, organiser l’espace.
C’est ce moment-là que j’aime : décider de laisser, ou d’arracher, ou de transplanter. Un petit jeu de façonnage qui ne répond à aucune planification, qui s’inspire du moment et du jour.


Laisser grainer. Plutôt facile pour les annuelles, celles qui, rapides, ont décidé de tout boucler la même année : germination, croissance, floraison, fructification… et production de graines. Coquelicots, pavots et nigelle … arroche, laitue, coriandre et mâche. Pour les bisannuelles, il conviendra d’être un plus patient et de les laisser au jardin tout l’hiver. Cardes et persil vont monter en flèche au printemps de leur deuxième année et libérer leurs semences alentour.


Certaines germeront pour dessiner, sous l’influence des mouvements de terre, des animaux, des gestes involontaires ou mesurés du jardinier, une géographie nouvelle de notre petit espace jardiné.

Paillons, paillons, paillons !

Toute cette pluie ! 20 mm. Puis 25. Et celles d’avant ! Voilà que le sol, en ce début juin, est humide à souhait, bien arrosé par ces bienvenues pluies printanières. Joie du jardinier ! Tout devient vert, tout pousse.

Parce qu’il est l’heure pour les plantes de grandir, de produire de la matière, sous la chaleur de ces jours longs. C’est le temps de l’exubérance et du foisonnement.  Leur projet : fleurir, fructifier, se reproduire. Toute cette eau du ciel : gardons-la bien en réserve, dans le sol. Tellement précieuse en amont de l’été et des chaleurs à venir.

Paillons, compagnons ! Toute la matière organique morte qui couvre le sol limite l’évaporation, et maintien une vie microbienne bienfaitrice à la surface du sol vivant. Foin, paille, herbes, fanes et compagnies : au sol ! Aux vers ! Aux bactéries !

Le geste est simple et le résultat efficace : déposons nos dits déchets verts autour de nos protégées pour gagner beaucoup : temps de désherbage, voyages en déchèteries… et de l’eau pour les fruits, feuilles, fleurs, racines et tubercules. L’eau de juin, cet or du jardin.

Aujourd’hui au jardin : ni courge, ni courgette, ni potiron

… mais quand même cucurbitacées : voilà les courges musquées !

Continuons l’exploration de cette grande famille. Les Cucurbita moschata – autrement dénommées courges musquées donc, aux feuilles grandes non découpées et légèrement recourbées.  Elles sont recouvertes de poils souples et non épineux et sont dites coureuses. Très coureuse, même : c’est dire qu’elles ont besoin de place, qu’elles vont s’étendre de tout leur long, voire grimper ! Ce sont elles que l’on peut voir escalader grillages, grilles et autres tuteurs originaux que les jardiniers disposent avec astuce.
Plus exigeantes en chaleur que les courgettes ou potirons, elles ont l’épiderme beige à maturité et la chair orange. Chair sucrée au bon goût de noisette. Elles se conservent très bien l’hiver. A consommer jusqu’au printemps !

Mon tiercé gagnant ?

Les Butternuts : fruit de 2 à 3 kg, beige, allongé, renflé à la base, contenant très peu de graines. Chair orange, très parfumée au grain très fin.

La Longue de Nice : elle se fait passer pour une grande courgette (ce qui lui vaut de se laisser consommer jeune avant maturité), mais l’on ne s’y fait pas prendre !  Variété tardive qui produit de gros fruits allongés, en massue, vert clair puis ocre, jusqu’à 1 m de long, d’un poids de 3 à 10 kg à chair ferme, orange, sucrée et musquée.

La Sucrine du Berry aux fruits renflés du côté des graines beiges à maturité. Chair orange. Bonne conservation. Idéale pour les potages, veloutés ou gratin… un pur régal !

Toutes ces espèces s’hybrident entre elles. Si vous cultivez plusieurs courges musquées (ou si votre voisin en possède) et que vous conservez des graines pour re-semer, il est fort à parier que vous n’obtiendrez pas les résultats escomptés.

Nous en reparlerons, de la production des semences des cucurbitacées…

(photo prise en 2010 au Festival international des Jardins de Chaumont Sur Loire Domaine de Chaumont-sur-Loire – plusieurs espèces de cucurbitacées)

Aujourd’hui au jardin : ça courge !

Les prudents attendaient patiemment le passage des célèbres saints. Les chanceux, avec leur serre, avaient pris les devants : les godets de courges attendaient au chaud. Quant aux téméraires, ils ont tenté coute que coute les semis d’avril. Quitte à ce que les courgettes végètent.
Aujourd’hui, 20 mai, tous les voyants sont au vert : semons les cucurbitacées !

Semis direct ou passage par la case godet… Ici, les limaces sont rapides pour grignoter ce qui est tendre et jeune. J’opte pour un semis au chaud avec repiquage en bonne terre… toujours ça de gagné ! Les mollusques de tout poil s’attaquent moins facilement aux plants, parfois ce sont les cotylédons (les deux premières « fausses » feuilles) qui disparaissent sous leurs dents, mais au final, ça pousse.

Concombres et cornichons, courges et courgettes ont quand même quelques autres ennemis plus insidieux : l’excès d’eau, les nuits fraîches et le vent froid. Une équipe bien organisée en cette fin de mois de mai que nous pourrions croire trop facilement propice à ces Américaines.

Excès d’humidité ? La graine, une fois gonflée de l’eau du premier arrosage peut attendre sereinement le stade « jeune plantule » pour recevoir une nouvelle rincée. A contrario, trop d’eau et… elle pourrit, littéralement !

Nuits fraîches ? Il suffit de la couvrir d’un pot, bac plastique, etc. afin que la chaleur du sol, plutôt que de filer vers les étoiles, l’enveloppe jusqu’au petit matin.

Le vent du nord, piquant, freine sa croissance ? Les premiers plants peuvent être disposés « sous » la surface du sol, dans une petite cavité, en particulier pour les adeptes des buttes et paillage (photo). Notre courgette, bien protégée, démarre d’un bon pied ! Les cucurbitacées sont toutes gourmandes de fumure fraîche : n’attendons pas que notre compost soit trop fait ! Une ou deux pelletées d’un bon millésime à peine mûr, incorporé avec la terre de surface … bientôt les ratatouilles et salades grecques !

Aujourd’hui au jardin : une pluie d’escargots

Aujourd’hui au jardin : une pluie d’escargots

Déconfinement chez les gastéropodes. Pas sûr qu’ils se sentaient à l’étroit dans ce grand jardin, probablement même qu’ils y trouvaient de quoi vivre benoîtement : compères et partenaires sexuels, cachettes de luxe, et salades aux noms évocateurs. La grosse blonde paresseuse et la lente à monter doivent manifestement ravir ces champions de paresse.
Mais pourquoi autant d’escargots de Bourgogne Helix pomatia dans notre jardin d’Auvergne ?
Tous les ans, quand se conjugue la douceur d’avril aux pluies printanières, c’est la ruée vers l’or : ils sortent en masse de leur antre pour aller, tranquillement certes, mais avec détermination, trouver l’âme sœur et le végétal tendre. C’est à ce moment, j’imagine, que tous les jardiniers heureux de vivre en pays calcaire comme moi, doivent contrôler leurs déplacements et redoubler de vigilance : si l’herbe est haute et le pas pressé, les escargots succombent, écrasés. Alors voilà : période de chasse ouverte ou non – parce qu’il en existe bien une pour les escargots, le petit jeu des matins pluvieux est le suivant : déambuler très tranquillement au jardin, seau à la main, et les ramasser tous, absolument tous, qu’ils fassent la maille ou pas – parce qu’il en existe bien une pour les escargots. Plus tard, à l’occasion d’une sortie à pied ou en voiture, il faudra les relâcher. Et comme à ce moment, pas plus qu’à un autre, ces messieurs-dames hermaphrodites savent prendre leur temps, la combine est de planquer le seau dans un fossé, puis revenir quelques heures plus tard pour récupérer le contenant vide aux parois gluantes. Ce seau sera alors consacré à l’unique ramassage des mollusques terrestres.

Pour ces lâchers, nul besoin de parcourir des kilomètres, leur pouvoir de dispersion étant très faible. Leurs migrations n’excédant pas … quatre à six mètres !

Alors pourquoi autant d’escargots ici ? Ils ont besoin de calcium pour constituer leur coquille : nous sommes ici sur une veine de calcaire. Un sol meuble leur permet de s’enfoncer lors de l’hibernation ainsi que pour déposer les œufs ? Bienvenue au jardin paillé plus que de raison, la matière organique favorise une bonne porosité du sol et y maintient l’humidité. Les étés caniculaires sont supportés grâce à une végétation d’herbes hautes et de haie ? Nous avons ça en rayons, aussi !

Pas question toutefois d’expulser l’entière population des lieux. Il faut de tout pour occuper ce vaste espace… de tout, un peu ! Les escargots ont bien leur place, qu’ils soient de Bourgogne, des haies, des jardins ou encore le curieux bouton d’or, petit, plat et discret. Mais comme le ver luisant, prédateur éclairé en ce jardin ne vient pas à bout de la colonie grandissante, le ramassage- relâche reste bien la solution la plus douce pour contrer ces mangeurs de laitues.