L’artichaut, le roi. C’est en tout cas ce qu’il m’inspire. Est-ce parce qu’indétrônable, une fois bien installé ? Est-ce par sa prestance, au sortir de l’hiver, qui le fait dominer en maître les autres légumes ?
Il est, en ce mois d’avril, déjà haut et large. Il tient ses feuilles bien développées et cette envergure de ses racines puissantes et profondes qui travaillent en souterrain, pour le servir.
Pour servir sa tête, ses têtes. Parce que c’est un roi… que les gourmets culottés osent décapiter !
Ce sont les capitules que l’on mange en effet, ou plus précisément les « bractées de l’involucre » comme dirait le botaniste de Sa Majesté.
Des pucerons essaient de le renverser ? Une armada de coccinelles arrive, larves, adultes, et nettoie tout ça, fissa. Il peine à grandir d’avoir trop abusé des nutriments en réserve ? Le jardinier accourt, poussant une brouette de compost qu’il épandra à ses pieds. L’été trop chaud ? Paillage ! L’hiver trop humide, froid ? Paillage ! Le premier soleil de février annonçant un réchauffement du sol qui lui serait des plus favorable ? Dépaillage ! Quand je vous dis qu’il se fait servir.
Qui se douterait que le monarque est le descendant de
chardons sauvages ?
Il en fallait de l’imagination pour, peu à peu, arriver à domestiquer cette
plante et lui permettre de rendre le meilleur d’elle-même. Qu’a -t-il à nous
offrir ? Ce goût, incomparable. Un cœur tendre. Et un apport en quantité
appréciable -pour le compost, des restes de la table.
L’artichaut : quelle classe !