La haie sèche

On l’appelle aussi haire morte. Morte ? Moi, je ne trouve pas !

Une fois bien en place, elle attire du monde : Troglodyte mignon, Lézard vert, Pisaure admirable pour les constants. Mésange bleue, Accenteur mouchet, Fauvette à tête noire… pour les oiseaux de passage.

Ce sont d’ailleurs ceux-ci qui se chargent – en se déchargeant (!), d’ensemencer de leurs fientes cette haie sèche. Ici une graine de sureau qui germe, là un prunier sauvage, un Cornouiller sanguin. Il faudra du temps pour que la haie se végétalise, mais rien ne presse.

Dans la haie, ici, nous avons anticipé : à ses pieds, ce printemps, ont été plantés des kiwaï chargés de l’habiller de vert et de participer à la production fruitière du jardin. L’idée est de réserver cet espace aux grimpantes véloces. Sur la fagotière, ilot central du jardin, ce sont houblon et clématite qui enveloppent les branches déposées là depuis des années. Le hérisson de passage appréciera.

Cette haie a surtout cette fonction précieuse ; se passer de la déchèterie, se passer du broyeur, et garder ainsi tout le bois qui ne part en paillage ni chauffage, au service des êtres vivants du jardin. C’est – au passage, une haie de protection efficace.

La haie sèche (ou haie de Bendges, du nom de l’écologue qui l’a remis au gout du jour) n’a rien de moderne.  Elle est apparue autour de nos propriétés bien avant les thuyas et peut -être dès la préhistoire, en tout cas au moyen âge.

Voilà qu’elle devient à la mode, et c’est le bon moment.

Parce qu’elle fait gagner beaucoup : du temps, des déplacements, des feux toxiques et polluants, du pétrole brûlé, des tailles à répétition, et une bande d’amis qui s’invitent à toute heure et toute saison.

Aujourd’hui au jardin : serpent de verre

De bonne heure il était là, engourdi par la fraîcheur de ce jour d’avant les Saints de glace, sous une planche de bois. Il n’est pas rapide, et m’a laissé ainsi le temps de le photographier.


Combien habitent ici, au jardin ? Beaucoup certainement. Il n’est pas une semaine, du mois d’avril au premier froid d’automne, sans que je le surprenne, le serpent de verre : là au chaud dans le compost, ici à filer entre les roues de la tondeuse (réglée en position maxi-haute, la tondeuse !) ou encore, comme ce matin au détour d’une planche soulevée. La bonne planque.


Ce jardin est certainement le sien : il se plaît dans ces nombreuses caches, herbes hautes, haies, coins tranquilles, zones de friches. Plus qu’un unique habitat, c’est cette multitude de petits abris qu’il chérit, espaces protecteurs et gisement de nourritures abondantes : cloportes, vers, araignées et limaces. Ah ! Voilà qui me l’a fait aimer, ce lézard sans patte. Dès qu’on parle de limaces à un jardinier…
Puis, avec le temps, limaces ou non, il m’est devenu, par ces rendez-vous surprises, bien sympathique. L’hiver, plus de rencontre, il s’enterre.
Pour lui, la paix n’est que provisoire, même dans un jardin mêlant l’organisé et le sauvage. Sûr qu’il préfère se trouver nez à nez avec un jardinier du lieu, qu’avec les hôtes domestiques de ce dernier : chats et poules.
S’il s’aventure à traverser le parc des gallinacés, s’en est fini, aucune chance. Avec les chats, lui reste une ultime échappatoire : briser volontairement sa queue saisie par les griffes félines, et sauver sa peau en laissant le chat désemparé jouer avec le bout de l’appendice se tortillant nerveusement.


Anguis fragilis, l’Orvet fragile, on comprend mieux. Fragile comme le verre.Il n’est donc pas serpent, mais bien lézard. Pas de venin, pas de morsure. Des nombreux points qui le rapprochent de ces derniers : cette paupière qu’il ferme, une fois mort, à l’origine de son nom. Orvet vient de orbus, aveugle.

Si donc un serpent vous cligne de d’œil : jardinier, voyez dans cette proximité un ami serpent de verre, qui veille sur vos limaces… ?

Dans la famille haricot…

Il est savoureux, le haricot. Vert, beurre, à grain, à rame, nain… on s’y perd !

S’il est de développement rapide, il est aussi sensible au froid. Rien ne sert de courir… il faut semer à temps ! « À la Saint Didier, des haricots plein le panier ». Comprenons qu’il « faut » semer le 23 mai. Bien que nos quatre saisons un peu chamboulées perturbent repères et traditions…

Habituellement, j’attends toujours que les derniers arbres de la nature « mettent » leurs feuilles. Ici, c’est le frêne le plus tardif. Quand le frêne du jardin est tout vert, je sème !

Cette année, tentative d’un semis mi-avril sous tunnel, que je découvre lors des coups de chaud.

Selon les variétés, la plante est soit naine (80 cm max) soit à rame (tige volubile de 1m50 a plus de 4m) et nécessite donc un tuteur. 

Le semis du haricot ?  En lignes distantes de 60 cm pour les variétés naines, 15 graines/mètre linéaires, et au moins 1 m pour les rames, 5 graines/mètre linéaires. On peut aussi semer en poquets, de 3-4 graines, distantes de 40 cm pour les naines et de 70 cm pour les rames. 
C’est ma méthode préférée, elle facilite les premiers désherbages avant un léger buttage et le paillage. Ce dernier en est facilité !

Enfin, pour les haricots nains, mieux vaut semer peu en quantité, mais régulièrement, afin de manger des haricots frais l’été et l’automne. Les semis peuvent s’échelonner par quinzaine de mai à septembre, en évitant le cœur chaud de l’été.

Les haricots nains mangetout sont des variétés sans parchemin ni fil. On les récolte assez gros, à un stade avancé de maturité, tous les 4-5 jours. Selon la variété, la gousse peut être verte, jaune (haricot beurre) ou violette.

À essayer : Le Reine des pourpres, du plus bel effet dans le potager. À consommer jeune, très bon. Il y a aussi toute la collection des haricots beurre.

Les haricots nains à écosser ne se consomment pas vert. On les cultive pour leurs grains. La période de culture est plus longue. On les récolte soit frais en été, demi-sec à l’automne et sec en fin d’automne pour la conservation. Le temps de cuisson sera d’autant plus long que la graine est sèche. Mon préféré : le Rognon de pont l’abbé à la peau fine. Extra !

Les haricots à rame mangetout sont très productifs. Les rames… c’est un peu long à mettre en place, mais c’est tellement joli au jardin ! Et productif ! Là encore, une fois que l’on a essayé…

Les haricots à rames à écosser, comme les nains, on mange les grains ! Le célèbre haricot tarbais…

Quant à l’original Haricot d’Espagne une espèce différente de toutes les autres, qu’on aime pour ses fleurs blanches et rouges.

Paillons !

Faire feu de tout bois. Désuète, cette expression de la langue française ! Oubliée des jardiniers ! La planète brûle… gardons le carbone au jardin. Faisons paillage de toute herbe !

Le carbone : entendons toute matière d’origine végétale et animale. Gazon, foin, branches, tailles, feuilles mortes, fanes de légumes et tiges sèches : l’or du jardinier.  Ces matières sont une réserve d’éléments nutritifs (carbone, azote, phosphore…) qui sont libérés dans le sol pour devenir une source énergétique et d’éléments nutritifs aux êtres vivants. Le plus ? Ces matières jouent un rôle dans l’allègement des sols argileux, et de rétention en eau.

Qu’en faire de ces matières ? Si le compost est bien nécessaire, le paillage l’est tout autant, alors… paillons !

Du gazon bien frais ? Hop, en, fine couche (2 cm maximum), partout au potager entre fleurs et légumes.

Des feuilles mortes ? Pareil, toutes en veulent, fraises, cardes, roses et framboises.

Les tailles de haie ?  À étaler sur le sol pour y passer la tondeuse, broyeur efficace pour toutes branches de bois vert de fin diamètre.  Cyprès et thuya ? Pas d’exception, pas d’acidification !

Des précautions ? Paillons lorsque le sol est bien humide, réservons les paillages « durs » comme le broyat de bois aux vivaces, et… renouvelons régulièrement avec des matières différentes. Aujourd’hui du gazon, demain du foin.

Le paillage nourrit le sol qui nourrit la plante, empêche la germination des herbes, facilite le désherbage et évite l’évaporation de l’eau. Les limaces aiment : leurs prédateurs aussi. Un binage vaut deux arrosages ? Peut-être, mais… un paillage en vaut quatre !

Pots et balcons

Ils rapprochent le jardin de la cuisine… ou permettent plus simplement d’en avoir un, de jardin.
Les pots. En terre, en galva, les plastiques que l’on habille et les bassines en tout genre. Des lessiveuses aux bacholles… pour ceux œuvrent en cuisine, c’est « aromatiques à volonté ». Ou tout du moins, à portée de main.

Le gros pot de persil, la trilogie thym-estragon-ciboulette, la menthe poivrée, les basilics et origans… Ça sent bon aux terrasses et balcons !
Et comme il leur faut de l’eau, à ces pots, les fonds de pichets, l’eau de lavage des salades, même sans arrosoir… c’est pour leurs pommes !


Pour les sans-jardin : les tomates et poivrons ne sont pas en reste. Il existe bien quelques variétés adaptées à cette culture en espace confiné… la tomate Lime green est une productive juteuse et acidulée, le poivron Cherry time nous offre sa saveur fruitée.

Et bien sûr, fleurs et plantes grasses, et toutes les autres dont les racines s’accommoderont d’un espace limité.


Jardiniers vacanciers et voyageurs : pensez à mobiliser voisins et copains, nos amies risquent d’avoir fort soif, l’été passé sans vous !

Un roi au potager

L’artichaut, le roi. C’est en tout cas ce qu’il m’inspire. Est-ce parce qu’indétrônable, une fois bien installé ? Est-ce par sa prestance, au sortir de l’hiver, qui le fait dominer en maître les autres légumes ?

Il est, en ce mois d’avril, déjà haut et large. Il tient ses feuilles bien développées et cette envergure de ses racines puissantes et profondes qui travaillent en souterrain, pour le servir.
Pour servir sa tête, ses têtes. Parce que c’est un roi… que les gourmets culottés osent décapiter !
Ce sont les capitules que l’on mange en effet, ou plus précisément les « bractées de l’involucre » comme dirait le botaniste de Sa Majesté.

Des pucerons essaient de le renverser ? Une armada de coccinelles arrive, larves, adultes, et nettoie tout ça, fissa.  Il peine à grandir d’avoir trop abusé des nutriments en réserve ? Le jardinier accourt, poussant une brouette de compost qu’il épandra à ses pieds. L’été trop chaud ? Paillage ! L’hiver trop humide, froid ? Paillage ! Le premier soleil de février annonçant un réchauffement du sol qui lui serait des plus favorable ? Dépaillage ! Quand je vous dis qu’il se fait servir.

Qui se douterait que le monarque est le descendant de chardons sauvages ?
Il en fallait de l’imagination pour, peu à peu, arriver à domestiquer cette plante et lui permettre de rendre le meilleur d’elle-même. Qu’a -t-il à nous offrir ? Ce goût, incomparable. Un cœur tendre. Et un apport en quantité appréciable -pour le compost, des restes de la table.
L’artichaut : quelle classe !

Vive les pucerons !

Vive les pucerons… du début de saison !

Je m’explique. Nous observons en ce moment, jardiniers attentifs, de véritables petits gisements de pucerons noirs ou verts, bien cachés au dos des feuilles ou s’exhibant en colonies.

Les pucerons … ceux que l’on ne veut pas, ceux qui peuvent mettre à mal nos récoltes et nous faire brandir le pulvérisateur de savon noir. Quitte à tout dézinguer.

Pourtant, qu’ils nous sont utiles ceux-là ! D’abord utiles à leurs prédateurs, d’ailleurs, qu’ils soient syrphe, guêpes parasitoïdes, punaises prédatrices ou autres, les planqués du jardin toujours là pour le petit graillou.

Séquence 1 : les pucerons, champions de la colonisation, reproducteurs zélés et véloces sont les premiers à se pointer. Ils piquent et sucent toutes les sèves et sucs, des orties, lierres, sureaux, hampes florales des choux d’hiver… les dites « plantes relais ».

Séquence 2 : les biens nommés auxiliaires, eux, arrivent, se reproduisent à leur tour à proximité des colonies de pucerons et commencent à décimer ces derniers, tout bonnement !

Séquence 3 : la progression des piqueurs est maîtrisée. Ils ne sont pas éradiqués, évidemment, on ne dilapide pas toute sa nourriture ainsi, il faut bien prévoir les lendemains ! Mais eux, les auxiliaires, se sont refait une petite santé et vont essaimer vers de nouveaux territoires… dans un environnement proche, très proche. Pourquoi ? Pour aller en quête d’autres pucerons, pitance facile.

Séquence 4 : le jardinier, la jardinière, patients, regardent tout ce monde bien à ses affaires, ne dégainent pas trop vite et se passent volontiers de l’arme chimique. En retour ? Ils voient débarquer nos populaires coccinelles sur les artichauts ou les fèves, et assistent à la curée, inévitable.

Nulle perfection au jardin toutefois, pas plus qu’ailleurs : il restera toujours quelques malins pucerons ayant su échapper aux prédateurs affamés. 
Mais tant qu’ils seront contenus ainsi par nos aides-jardiniers, veilleurs consciencieux, nous pouvons vaquer aux autres plaisirs du jardin.

La pluie

Aujourd’hui au jardin il pleut. Les escargots se déterrent : avez-vous déjà vu un escargot sortir de terre, tout engourdi ? Les fleurs de pissenlits, fanées, collent aux bottes, et leurs petits parachutes se passent du vent, et trouvent chez le jardinier botté d’Aigle, un semencier transporteur efficace, bien qu’involontaire ! Sous les cerisiers, un tapis de pétales… qui nous fait lever le nez : elles sont là, ça y est, les petites cerises formées, vertes et nombreuses. On sait qu’elles vont chuter en masse dans les prochains jours, éclaircie naturelle qui allégera l’arbre et fera gonfler de sucre les fruits restants. Petits coups d’œil aux carottes qui viennent de naître : c’est bon ! Les limaces ne sont pas de la partie, peut-être freinées dans leur ardeur printanière par la sécheresse en cours. C’est toujours une gageure que de réussir un beau semis de carottes dans un jardin foisonnant, où le paillage est une règle et les feuilles mortes, tontes fraîches et fanes de légumes autant de tentations pour les mollusques affamés. Si le jardinier que je suis compte bien sur les hérissons, staphylins, carabes et vers luisants nombreux et efficaces, il ne se refuse pas un anti-limace, dernière parade face aux offensives répétées, anti-limace oui, mais bio, le ferramol, l’honneur est sauf. ?

La dernière chance des fraises

C’est « « juste-juste ». Le travail devrait déjà être fait, mais bon, confinement ou pas, le jardiner peut céder devant une barquette de fraisiers en promo à la jardinerie du coin, enfin ouverte !

Ça tombe bien : le renouvellement de la fraiseraie doit être réalisé tous les 3-4 ans afin de s’assurer d’une récolte abondante. Il faut donc déplacer les plants. Mieux encore : en changer, soit en les reproduisant soi-même à partir des stolons (fin d’été -automne) soit… en dépensant quelques euros qui seront bien vite rentabilisés.

Que demande le fraisier pour être à son aise ? Une terre au pH acide à neutre, plutôt légère, bien drainée, et de l’eau, régulièrement pour ses racines superficielles.
Et l’essentiel : un sol vivant, riche en matière organique bien décomposée, en cours de décomposition et fraîche. Les trois !  


En ce moment j’étale de la paille sur l’herbe et je passe la tondeuse pour obtenir un mélange de matière des plus bénéfique.
Les adeptes du compostage y retrouveront un bon C/N comme on dit, ce qui signifie une nourriture équilibrée, riche en carbone et azote, favorable aux bactéries et champignons du sol. Après les bonnes pluies de printemps auxquelles je crois encore (!), je réalimenterai en paillage nourricier, et me réserve l’automne pour ajouter du broyat de bois.

Le fraisier est un gourmand : il conviendra de renouveler l’opération « compost » tous les automnes.

Je vous livre ici une petite manie : je plante des oignons un peu partout en début de printemps.
Là, entre ces fraisiers tout jeunes et pimpants je trouve de la place pour quelques bulbilles, et peu importe le paillage, rien n’arrête les oignons.

Ceux-ci seront mangés en frais, jeunes, tout compris, feuilles et bulbes à peine gonflés. Évidemment, pas avec les fraises…

Nos formations 2021 : rendez-vous ce printemps !

Retrouvez ici le descriptif complet des formations… et contactez-nous, nous pourrons en discuter en détail ! (plaquettes et bulletins d’inscription à la demande)

Formation Maitre Composteur : 7 jours les 10, 11 et 12 mai 2021 + les 16, 17 et 18 juin 2021 et journée de validation le 7 décembre 2021

Formation Guide Composteur : 4.5 jours du 8 au 12 mars 2021

Formation Jardinage au Naturel – Communiquer et transmettre les pratiques : 5 jours du 21 au 25 juin 2021 ou du 27 septembre au 1er octobre 2021

Formation Déchets Verts : Laissons les sur place !  : 3 jours du 13 au 15 octobre 2021

Formation L’arbre fruitier au jardin – du semis à la conservation des fruits : 3 jours du 8 au 10 novembre 2021